Dec 12 2009
Vive la démagocratie, la France et la République !
Le mot trader est à la mode. Il va si bien avec finance, crise, mondialisation, subprimes, stock-options, mots dont on nous rebat les oreilles à longueur de journée (et moins on y comprends, et plus on en parle).
Alors comme ce mot est à la mode, forcément, Sarkokorico, roi de notre bien-aimée démagrocratie française, a décidé de donner son aval pour “une taxe sur les bonus des traders”. Wouah ! Expression compte triple ! Avec “taxe”, “bonus”, traders” dedans, c’est sûr, il y en a un qui va passer pour Zorro (sauf que Zorro, lui, il est plus grand et parle sûrement mieux espagnol, mais là n’est pas le débat).
Alors il va falloir m’expliquer le rationnel derrière cette taxe :
1 – “C’est parce que ces méchants traders, ils gagnent trop de sous alors qu’il y a trop de personnes avec trop peu de moyens en France”.
OK, mais alors, pourquoi viser uniquement les traders ? Pourquoi pas aussi les PDGs, Zidane, Johnny Halliday ou Carla Bruni ? Si on parle répartition des richesses, on ne peut pas viser uniquement un corps de métier. On peut augmenter l’ISF ou augmenter les taux des tranches supérieures d’imposition, mais je ne vois pas ce que viennent faire les traders dans cette surprise party.
2 - “Nan, mais tu vois, la crise, c’est un peu de la faute des traders, alors il faut bien qu’ils paient quelque part”.
Si on juge qu’un métier est nuisible, pour les moeurs comme pour l’économie, on l’interdit, ou on le régule, on ne garde pas les même règles du jeu qu’avant en ajoutant juste une taxe de démago sortie du chapeau.
3 – “Ah, mais en fait, leurs bonus, il le doivent surtout aux prêts de l’Etat fait aux banques”.
Oui, c’est le meilleur argument. Mais la survie de centaines de PME est également due surtout aux prêts de l’Etat aux banques. Est-ce qu’on devrait leur rajouter un impot ou une taxe pour autant ? Si l’Etat estime que les banques et leurs employés leurs doivent plus que ce qu’ils ont remboursé, alors qu’il en tire des leçons et change de taux d’intérêt la prochaine fois, ou qu’il mette un taux d’intérêt conditionné ou… ils sont créatifs, je ne me fais pas de soucis pour trouver une solution. On ne change pas les règles d’un jeu après coup, c’est tout. (Ce qui ne m’empêche pas d’être scandalisé de voir les sommes remboursées en quelques mois à peine, en même temps que les résultats des banques bénéficiaires de ces prêts – free cash flow vous avez dit ?)
Maintenant, je peux encore changer d’avis là dessus, mais je n’ai pas encore lu d’argument massue.
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